Communication

Phytosanitaire et petites filières : contraintes et adaptations

Session thématique #03
Diversité et protection des plantes
Communication orale

Les « petites filières » ont été et sont encore particulièrement impactées par la réduction de l’usage des produits phytosanitaires. Plusieurs causes expliquent cette réduction marquée, certaines contraintes, d’autres volontaires. En premier lieu, la cause la plus régulièrement invoquée est la législation européenne et française qui ont fortement réduit le nombre de molécules et de produits autorisées. Ensuite, et cette cause est moins souvent invoquée, la politique commerciale des firmes ignore souvent les petites filières, considérées comme des marchés de niche peu rentables. Enfin, certains producteurs et acteurs de filières souhaitent désormais travailler en utilisant le moins possible de produits phytopharmaceutiques. Cette « attente sociétale », marginale il y a encore quelques décennies, tend à rattraper voire à supplanter les deux premières causes.

Les implications de cette réduction de diversité et d’usage des produits phytopharmaceutiques sont de trois ordres, pouvant se renforcer entre eux, l’augmentation de la probabilité de sélection d’une résistance, les impasses techniques par l’absence de produits homologués et l’apparition de ravageurs secondaires contrôlés précédemment par les pesticides à spectre large.

Cette situation a conduit les producteurs, les conseillers, les expérimentateurs et les chercheurs à travailler significativement sur la mise au point de méthodes alternatives à l’usage de produits phytopharmaceutiques. Comme toutes nouvelles pratiques, les itinéraires innovants basés sur des alternatives n’ont cessé d’évoluer et de se perfectionner. Par exemple, en horticulture la lutte contre les ravageurs s’est d’abord appuyée sur la substitution des produits phytosanitaires de synthèse par des produits « naturels » ou par des lâchers d’auxiliaires. Ensuite les stratégies de lâchers (espèces, doses, fréquences…) et d’implantation se sont perfectionnées et dernièrement, suite aux problèmes économiques du secteur, des itinéraires innovants mais peu onéreux voire moins chers que les itinéraires conventionnels ont été mis au point. Ceux-ci passent souvent par l’usage de plantes de service, nouveau pivot des méthodes alternatives. Ces nouvelles méthodes changent considérablement la façon d’aborder la protection sanitaire de ses cultures. C’est également le cas avec d’autres alternatives comme l’usage de stimulants (biostimulants, SDP, micro-organismes, thé de compost…), les éclairages à base de LEDs (contrôle de l’architecture des plantes et de certaines maladies) et la thigmomorphogénèse (régulation par le toucher).

Le développement d’itinéraires innovants et donc bouillonnant, mais il ne faut oublier que leurs applications sur le terrain passera par un travail important visant à changer les points de vue et habitudes de production. Les freins à l’adoption de ces nouvelles méthodes ne sont bien souvent pas techniques mais psychologiques. La manière d’amener et de présenter les alternatives joue certainement beaucoup dans l’acceptation et d’adoption de ces méthodes par les producteurs.