Communication

Les roses entre marchandisation et patrimonialisation du végétal

Session thématique #03
Innovation variétale dans les filières du végétal spécialisé
Communication orale

Enjeu économique, objet symbolique et esthétique, objet de passion et de savoir, la rose fédère individus et institutions, professionnels et amateurs au sein de chaines de coopération qui constituent le monde social de la rose pour jardins et bouquets (Becker). Ce monde, international depuis ses origines, est un excellent révélateur des logiques sociales de marchandisation (Aubertin, Vivien) et de patrimonialisation du végétal (Dubost).

Divers acteurs de la rose ont en effet participé à l’émergence de ces deux logiques au cours du XXe siècle mais on peut aussi les construire comme des idéaux-types pour analyser les écarts aux modèles et montrer comment les pratiques des acteurs peuvent relever de l’un ou de l’autre et souvent des deux, successivement ou simultanément. Le modèle de la marchandisation suppose la protection des obtentions, la production intensive et la commercialisation massive d’une sélection de produits les plus performants : c’est dans le secteur des roses coupées que des professionnels se rapprochent le plus de cet idéal-type. Celui de la patrimonialisation est la conservation et la valorisation de la diversité des espèces et cultivars : la redécouverte de la diversité des roses anciennes par les usagers a suscité une critique esthétique des rosiers modernes de jardin qui commence à toucher le secteur de la rose coupée.

Nous discuterons de la question de la durabilité à propos de ces deux modèles. Nous mobiliserons une approche biographique contextualisée pour montrer comment les obtenteurs racontent leur rapport au végétal ornemental, l’histoire de leur activité, de leur entreprise qui s’articule souvent avec celle de leur famille (enquêtes en France et au Kenya).