Le paysage, un prisme pour penser les enjeux passés et contemporains de l’agroforesterie. Approche croisée Nord/Sud
Session thématique #02Gestion du végétal spécialisé dans les territoires sous contrainte foncière
- 14h55 - 15h10
- David Montembault & Sébastien Caillaut - Agrocampus Ouest, Angers
- Télécharger le PDF du résumé
- Télécharger le diaporama
Parmi les nouvelles recherches en Agro-écologie, une attention particulière est portée à l’agroforesterie. L’arbre des champs, grande victime de l’agro-industrie, semble en effet progressivement retrouver une place de choix au sein de nouveaux modèles de production. Les rôles nouvellement confiés à ces arbres sont alors souvent multiples : certaines vieilles émondes sont protégées en tant que ressource patrimoniale et/ou écologique tandis que d’autres sont convoitées par l’ébénisterie, les arbres des haies constituent à la fois une ressource énergétique pour l’industrie du bois, une ressource agronomique pour ceux qui les considèrent avant tout comme des barrières protectrices ou une source de fertilisation pour les cultures (notamment via le BRF), et enfin, les haies deviennent aussi des ressources naturelles lorsqu’elles sont intégrées à des schémas de Trames Vertes ou que les ligneux qui les composent sont gérés comme des puits à carbone. Mais ces arbres peuvent aussi être nourriciers avec les fruits qu’ils procurent.
Parmi toutes ces possibilités, quelle(s) place(s) faudrait-il donc confier en priorité à l’arbre des champs et surtout quelles formes donner aux plantations ? Toutes ces ressources peuvent-elles s’accorder en un même lieu ? Selon un seul et même modèle ? Etc.
Pour la géographie des paysages, en l’absence de témoignages écrits, les arbres constituent également une trace souvent très précise de la façon dont ils étaient intégrés dans des systèmes de production : leur forme, mais aussi leur localisation au sein du maillage foncier, leur orientation, la façon dont ils étaient assemblés entre eux ou avec d’autres éléments, etc. témoignent de logiques très réfléchies, laissant souvent peu de place au hasard.
À travers cette proposition, nous aimerions donc démontrer l’intérêt que peut avoir une lecture fine des formes paysagères associées à l’arbre des champs (plantations fruitières, haies, ...), dans deux contextes fonciers très différents (France et Burkina-Faso). Chaque arbre mérite en effet d’être lu, non pas seulement comme un simple élément de vocabulaire paysager mais comme la partie d’un assemblage productif complexe, multi-échelle : une grammaire paysagère à décrypter localement. En effet, les formes en elles-mêmes ne peuvent témoigner que si elles sont replacées dans leurs trajectoires socio-historiques (héritages, compétitions, conflits, ...). Elles révèlent alors des stratégies d’adaptation aux milieux, aux pressions foncières, aux compétitions entre ressources, etc.
Ce recul géo-historique nous semble pouvoir apporter un éclairage intéressant pour répondre aux questions posées et pour aider au renouvellement des systèmes de production dans un contexte social, politique, économique, etc. en profonde mutation.