Communication

Sciences citoyennes – Sciences participatives : En quoi la transformation des relations Sciences-Sociétés impacte-t-elle les pratiques des chercheurs ?

Session plénière #01
Les enjeux de la diversité
Communication orale

Au cours des quinze dernières années, les sciences participatives ont connu une évolution remarquable. Phénomène nouveau, les grandes revues scientifiques internationales ouvrent de plus en plus leurs colonnes à ces travaux. La partie la plus visible concerne le nombre croissant de projets de recherche qui impliquent la participation de « non-scientifiques-professionnels ». Parmi les cas emblématiques on cite souvent la découverte de nouvelles classes de galaxies avec le projet Galaxy Zoo ou la structure de protéines liées à la transmission du VIH dans le projet Foldit. Les grandes institutions de recherche des pays de l’OCDE reconnaissent progressivement le phénomène et lancent des programmes de sciences participatives.

La participation de non-scientifiques-professionnels à la production de connaissances n’est pourtant pas nouvelle. Dans le domaine de l’histoire naturelle (botanique, entomologie, zoologie, etc.), l’implication des amateurs est une tradition vieille de plusieurs siècles. En astronomie, les amateurs ont depuis toujours apporté une contribution essentielle à la découverte de corps célestes. Dans le domaine de la santé, les années SIDA ont été marquées par la contribution active des associations de patients à la production de connaissances et le phénomène s’est depuis lors élargi à de nombreuses pathologies. Si « internet 2.0 », centré sur l’interaction et la contribution des internautes, a ouvert la voie à des formes originales de participation comme le recueil massif et distribué de données par la foule (crowdsourcing) et le recours au travail des internautes sous la forme de jeux (gamification), les sciences participatives ont une histoire plus longue et ne se limitent pas aux interactions dans l’espace numérique. Parmi les traditions qui nourrissent ce courant, la « recherche-action participative » (Chevalier & Buckles 2013) et la Community Based Research (Israel et al. 1998) ouvrent les portes non seulement à la participation des citoyens à l’activité scientifique, mais aussi à la participation des chercheurs à la vie citoyenne confrontée aux multiples enjeux du vivre ensemble au quotidien.

L’engouement actuel pour les sciences participatives ne correspond pas seulement à un effet de mode. Plusieurs moteurs d’évolution soutiennent une croissance forte depuis une quinzaine d’années : l’aspiration des citoyens et des groupes concernés à la participation directe, l’accroissement du niveau moyen d’éducation, le développement rapide des technologies d’information et de communication. La dynamique en cours est une chance pour les interactions sciences-sociétés car les sciences participatives sont le vecteur d’intéressements mutuels et de collaborations.