Communication

Impact des pratiques des sélectionneurs français du XIXe siècle sur l’évolution de la diversité du rosier de jardin

Session plénière #02
Évolution de la diversité végétale au sein des sociétés
Communication orale

Co-auteur(s) : Cristiana Oghina-Pavie a, Jérémy Clotault b, Annie Antoine a, Aurélie Bérard c, Céline Briée a, Annie Chastellier b, Sylvain Gaillard b, Agnès Grapin b, Marie-Christine Le Paslier c, Shubin Li d, Mathilde Liorzou b, Valéry Malécot b, Gilles Michel b, Alix Pernet b, Vanessa Soufflet-Freslon b, Tatiana Thouroude b, Stéphane Tirard e, Fabrice Foucher b 

Le XIXe siècle se caractérise en France par une véritable rosomanie au cours de laquelle la création variétale de rosiers de jardins a connu un intérêt sans précédent. La disponibilité de ressources génétiques nombreuses, conservées dans plusieurs roseraies en France, ainsi que les sources historiques très riches (catalogues, archives, revues horticoles, monographies, etc.) laissées par les horticulteurs et botanistes permettent d’appréhender la construction historique de la diversité des rosiers aux XVIII-XIXe siècles par une approche interdisciplinaire génétique et historique.

Ainsi, le projet FloRHiGe regarde la rosomanie comme un phénomène génétique et sociétal. D’une part, l’analyse d’un échantillon biologique large de rosiers a permis d’identifier des changements quant à la diversité phénotypique et génétique des hybrides obtenus au XIXe siècle, à la fois au niveau du fond génétique mais aussi de quelque gènes clés impliqués dans des caractères sélectionnés. D’autre part, l’analyse du corpus historique apporte la contextualisation de ces changements au regard des transformations dans la société, des pratiques horticoles et des avancées théoriques de l’époque. Dans cette perspective, nous proposons une explication de la rosomanie et de ses conséquences tenant compte d’une conjonction de facteurs.

Le premier facteur explicatif est l’arrivée en Europe des rosiers chinois à la fin du XVIIIe siècle, apportant des caractères nouveaux tels que la remontée de floraison. Le deuxième est le contexte dans lequel a lieu cette révolution qualitative, celui d’un goût nouveau pour le jardinage et les collections de végétaux auquel répond une horticulture ornementale en plein essor. Enfin, la rosomanie s’explique par l’activité de sélection que des amateurs et des horticulteurs professionnels exercent intensément. Les procédés employés (semis du hasard, semis ordonnés, fécondation artificielle) font écho aux concepts d’hérédité et d’hybride qui prennent contour à la même époque. La sélection s’oriente, dès les années 1815-1830, vers la recherche de variétés qui associent la remontée de floraison et des qualités esthétiques et culturales. L’importance horticole de la remontée fait qu’elle devient un critère majeur de sélection et, par la prédominance des rosiers asiatiques, la structure génétique de la diversité des rosiers européens se trouve largement modifiée dans la deuxième moitié du XIXe siècle.

a Université d’Angers, UMR CNRS 6258 CERHIO, Centre de recherches historiques de l’Ouest, 5 bis Bd Lavoisier 49045 Angers, France
b IRHS, Agrocampus Ouest, INRA, Université d’Angers, SFR 4207 QuaSaV, 49071, Beaucouzé, France
c EPGV, INRA, CEA-Institut de Génomique/CNG, 91057, Evry, France
d Flower Research Institute, Yunnan Academy of Agricultural Sciences, Kunming 650205, China
e Centre François Viète, Université de Nantes, 44322, Nantes, France